Notre culture française a largement intégré le principe que « parler » a des effets thérapeutiques.

Cette vision, issue de la psychanalyse, a profondément imprégné notre rapport au traumatisme. La « catharsis », c’est-à-dire, la libération émotionnelle qui suivrait l’expression verbale d’un évènement douloureux est devenue un passage obligé dans notre immaginaire de la guérison.

Et bien non, pas toujours ! Le saviez-vous ?

Les récentes recherches scientifiques apportent de la nuance concernant cette vision.

Par exemple, l’étude publiée dans le « Journal of Consulting ans Clinical Psychology » montre que l’expression émotionnelle peut parfois renforcer les symptômes post-traumatiques plutôt que de les atténuer. Plus précisement, lorsque cette expression émotionnelle se réalise dans un contexte inadéquat ou prématurement.

La Docteure Sarah Hartman, spécialiste des troubles post-traumatiques peut dire  » Le simple fait de raconter un traumatisme n’est pas magiquement curatif en soi » ; « sans les outils pour intégrer cette expérience, verbaliser peut parfois revenir à exposer une plaie sans la soigner« .

Autrement dit, vigilance à ne pas pathologiser le silence des personnes traumatisées. Ne pas parler ne constitut pas forcément un « évitement » ou un « déni » ou une « résistance ». Cette lecture peut être fortement préjudiciable pour la personne.

Le silence peut être constituer une forme de protection, un espace d’élaboration intime ou simplement une façon différente d’intégrer l’expérience traumatique.

La question n’est peut-être pas tant de savoir s’il faut parler, mais plutôt quand, comment, à qui, et surtout si la personne le désire.

Le consentement de la personne doit toujours primer. L’injonction à parler, même habitée par les meilleures intentions, peut constituer une forme de violence secondaire lorsqu’elle efface l’autonomie de la personne concernée par le traumatisme.

La temporalité psychique est un facteur à ne pas nier pour être au plus proche du besoin du patient.